Canelle tuée, les ours en dangerPlus jamais un ourson ne naîtra en Vallée d'Aspe. L'orphelin de Canelle, de sexe masculin, sera sans doute le dernier. Désormais, il n'y a plus que des mâles. Néré, le Slovène, et deux plantigrades locaux : un vieil ours appelé Camille et un autre que l'on désigne du surnom de « Aspe Ouest ».
« Cette population n'a plus aucun avenir, déplore Pierre-Yves Quenette, du Groupe Ours. Quant aux animaux des autres noyaux, leurs chances de survie sont très faibles… ».
Canelle, qui avait 15 ans, est morte lundi, à Urdos, en vallée d'Aspe, dans les Pyrénées-Atlantiques, à l'occasion d'une battue au sanglier. Le drame s'est apparemment joué en deux temps. « Il y a eu une première rencontre entre un des six chasseurs et l'ourse, explique Jean Lassalle, président de l'Institut Patrimonial du Haut-Béarn. Celui-ci a tiré en l'air, mais son chien a été blessé d'un coup de patte. Une heure plus tard, l'ourse est revenue. Elle avait sans doute peur pour son ourson. Je connais bien le chasseur qui a tiré. C'est un homme qui a du sang-froid. Il y avait un réel danger… ». Hier, les six hommes ont été entendus par les gendarmes de Bédous, tandis que la dépouille de Canelle était transférée à l'école vétérinaire de Toulouse pour autopsie.
Une mort qui va relancer un vieux débat. Il est clair qu'à court terme, si on ne lui donne pas un peu de sang neuf, alors, l'ours des Pyrénées rejoindra le dodo et le dinosaure dans le panthéon des espèces disparues.
Voilà pourquoi ce coup de fusil soulève un tollé au sein des associations écologistes. Action Nature parle d'un « acte inqualifiable ». « La mort de cette seule femelle pyrénéenne est un crime contre la nature » juge de son côté la Ligue ROC, présidée par Hubert Reeves, qui était venu en septembre soutenir les Automnales du Pays de l'Ours. Quant à l'Association pour la protection des animaux sauvages, elle va déposer plainte « contre le tueur de Canelle et contre le président de la société de chasse pour destruction d'espèce protégée ». Dominique Voynet, ex-ministre de l'Écologie, a demandé à son successeur Serge Lepeltier un programme de renforcement de la présence de l'ours dans les Pyrénées. Le ministre, lui, parle de « catastrophe écologique ».
« Je vais réunir de toute urgence tous les partenaires », explique de son côté Jean Lassalle, par ailleurs député des Pyrénées-Atlantiques. L'élu reconnaît qu'il est « déchiré ». Il déplore la mort de Canelle, mais laisse entendre qu'il ne souhaite pas précipiter une réintroduction : « Si je vivais à Bruxelles ou à Paris, j'aurais sans doute une vision différente. Je ne veux pas faire de provocation. Il faut aussi penser à la survie de nos vallées. » Pour lui, pas question de mettre le feu aux poudres.
Le président des Chasseurs des Pyrénées-Atlantiques est lui consterné : « Avec la perte d'un tel animal, c'est une partie de notre patrimoine qui disparaît, déplore Bernard Placé. Nous étions très attachés à sa présence. » Il rajoute : « La société de chasse d'Urdos avait été prévenue de la présence de l'ours dans le secteur : il n'y aurait jamais dû y avoir de battue. »
Un fait souligné également par Le Roc ou par Action Nature, selon qui les chasseurs savaient parfaitement que sur le site « se trouvaient Canelle et son ourson de l'année. »
Mais, malgré nos nombreuses tentatives de prise de contact, nous n'avons pu recueillir ni la version du maire d'Urdos, ni celle du président de la société de chasse en question.
En attendant, « dans la vallée, assure Jean Lassalle, on entend pleurer l'ourson ».
Dominique Delpiroux ( La dépêche )
L'ourse Canelle abattue par un chasseur en vallée d'AspeAFP | 02.11.04 | 10h21
Une ourse baptisée Canelle, la seule femelle connue de souche pyrénéenne en Pyrénées-Atlantiques, a été abattue lundi par un chasseur près d'Urdos en vallée d'Aspe, a-t-on appris mardi auprès de la gendarmerie. Alors qu'un groupe de chasseurs faisait une battue aux sangliers, l'ourse accompagnée d'un ourson, s'est sentie menacée et a chargé les chasseurs, selon la cellule de renseignement de la gendarmerie de Pau. Bien que les ours bruns des Pyrénées soient une espèce protégée, l'un des chasseurs a tiré à bout portant pour se défendre, blessant mortellement l'animal. Canelle, âgée d'une quinzaine d'année, était la dernière ourse femelle autochtone recensée en Béarn, selon l'association FIEP (Fonds d'intervention eco-pastoral) de Pau, qui s'occupe de la protection des ours. Elle avait été aperçue avec un ourson l'été dernier en vallée d'Aspe. En Béarn et Navarre, la zone à ours qui couvre environ 100 000 ha, à cheval sur France (Aspe, Ossau) et Espagne, compte une demi-douzaine d'ours. Papillon, le vieux mâle emblématique de la nature sauvage dans les Pyrénées, et père de tous les oursons de Canelle jusqu'à l'année dernière, s'est éteint en juillet. A Paris, le ministère de l'Ecologie a confirmé l'incident mardi matin. "Les chasseurs ont agi en légitime défense, la femelle protégeait son petit et a chargé les chiens, en blessant un, un des chasseurs a alors tiré", a précisé le directeur de la Nature et des Paysages au ministère, Jean-Marc Michel, joint par l'AFP. Le petit, dont on ignore s'il est de sexe mâle ou femelle, "s'est enfui ou se cache". Selon M. Michel, il n'y a plus désormais d'ours femelle dans la vallée d'Aspe mais seulement un mâle d'origine slovène et peut-être un autre mâle "qui navigue entre l'Espagne et la vallée d'Aspe". Au total, d'après ce responsable du ministère, la population des ours pyrénéens comporte encore "plus de 15 individus dont trois ou quatre femelles".
"Aucune circonstance atténuante" ne saurait justifier "cet acte inqualifiable et catastrophique pour l'une des espèces les plus emblématiques de notre patrimoine naturel", écrit l'association Action Nature dans un communiqué. "Les chasseurs et organisateurs de cette battue au sanglier (...) savaient parfaitement que, sur le site où ils allaient s'adonner à leur loisir, se trouvait Canelle et son ourson de l'année", poursuit-elle.
"La mort de la seule femelle pyrénéenne connue est un crime contre la nature", juge de son côté la Ligue Roc de l'astrophysicien franco-canadien Hubert Reeves. "L'ourson orphelin va-t-il survivre", demande-t-elle dans un communiqué.
Ourse abattue : acte "inqualifiable", selon les écologistesAFP | 02.11.04 | 11h29
L'ourse abattue lundi par un chasseur à Urdos, en vallée d'Aspe (Pyrénées-Atlantiques), était la dernière femelle "de souche pyrénéenne" et sa destruction constitue un "acte inqualifiable" et "un crime contre la nature", ont estimé mardi les écologistes. "Aucune circonstance atténuante" ne saurait justifier "cet acte inqualifiable et catastrophique pour l'une des espèces les plus emblématiques de notre patrimoine naturel", écrit l'association Action Nature dans un communiqué. "Les chasseurs et organisateurs de cette battue au sanglier (...) savaient parfaitement que, sur le site où ils allaient s'adonner à leur loisir, se trouvait Canelle et son ourson de l'année", poursuit-elle. "La mort de la seule femelle pyrénéenne connue est un crime contre la nature", juge de son côté la Ligue Roc de l'astrophysicien franco-canadien Hubert Reeves. "L'ourson orphelin va-t-il survivre", demande-t-elle dans un communiqué. "Une battue avec des chiens dans un secteur où la femelle était signalée n'a aucune excuse", relève aussi la Ligue Roc. Une ourse, baptisée Canelle, a été abattue lundi après-midi par un chasseur près d'Urdos en vallée d'Aspe, selon des sources officielles. Agée d'une quinzaine d'année, Canelle était la dernière ourse femelle de souche pyrénéenne recensée en vallée d'Aspe. Le chasseur participait à une battue aux sangliers. Selon le ministère de l'Ecologie, il a tiré après que l'ourse, accompagnée d'un ourson et se sentant menacée, eut chargé les chiens des chasseurs, en blessant un. D'après le ministère, il n'y a plus désormais d'ours femelle dans la vallée d'Aspe mais seulement un mâle d'origine slovène et peut-être un autre mâle "qui navigue entre l'Espagne et la vallée d'Aspe". Au total, indique le ministère, la population des ours pyrénéens comporte encore "plus de 15 individus dont trois ou quatre femelles".
Les Verts "scandalisés" par "l'assassinat" de l'ourse CanelleAFP | 02.11.04 | 19h25
Les Verts se sont déclarés mardi "scandalisés" par "l'assassinat de l'ourse Canelle", abattue lundi par des chasseurs dans les Pyrénées, et ont demandé des sanctions "exemplaires" contre les "chasseurs extrémistes". "Les Verts sont scandalisés et indignés par cet acte d'irresponsabilité de quelques chasseurs extrémistes qu'on a laissé faire", indique dans un communiqué Yann Wehrling, porte-parole des Verts. Il a estimé que les comportements "délictueux" des chasseurs sont "largement encouragés par l'inefficience des mesures de protection des ours", et qu'"à force de comportements irresponsables de nombre de parlementaires UMP et du gouvernement, les lobbies extrémistes sont (...) en passe d'éradiquer des Pyrénées une espèce entière". "Les responsables de cet acte doivent être sanctionnés de manière exemplaire", estime encore le porte-parole, demandant que soient "considérablements renforcés" les mesures réglementaires pour la protection des zones naturelles pyrénéennes et les moyens donnés pour cette protection. "Au delà de la population d'ours des Pyrénées, c'est la nature qui se fait tuer à petit feu par les lâchetés permanentes des autorités publiques", qui ne veulent pas comprendre "l'ampleur des mesures de protection aujourd'hui nécessaires pour protéger les zones de nature les plus sensibles de notre territoire", remarque le communiqué.
Consternation après la mort de l'ourse Canelle, abattue par un chasseurAFP | 02.11.04 | 19h58
La mort de Canelle, dernière ourse de souche pyrénéenne, abattue lundi par un chasseur en vallée d'Aspe, a provoqué la consternation générale, particulièrement vive dans les milieux écologistes. "C'est une catastrophe écologique, un événement d'une extrême gravité en matière de protection de la nature", a déclaré mardi à l'AFP le ministre de l'Ecologie, Serge Lepeltier annonçant que l'Etat se porterait partie civile dans cette affaire. Lundi sur la commune d'Urdos, en vallée d'Aspe (Pyrénées-Atlantiques), un groupe de six chasseurs effectuant une battue aux sangliers avec leurs chiens, s'est retrouvé face à l'ourse Canelle accompagnée d'un ourson âgé de quelques mois. La femelle s'est sentie menacée et a commencé à attaquer les chiens, mordant l'un profondément, selon les déclarations des chasseurs rapportées par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. Canelle se serait alors retournée vers l'un des chasseurs. "Se sentant menacé et pour se défendre, l'homme a fait feu et tué l'animal tandis que l'ourson disparaissait dans la nature", selon la préfecture de Pau. Pour Gérard Caussimont, président d'une association locale de défense des ours bruns, FIEP-Groupe Ours Pyrénées, l'ourse "s'est sentie acculée". Canelle "a dû tenter de fuir mais n'a sans doute pas pu s'échapper avec son ourson", l'endroit étant particulièrement escarpé. "Les chasseurs d'Urdos savaient pertinemment que ces ours se trouvaient là et n'auraient jamais dû y aller chasser avec des chiens", assure encore M. Caussimont. Le responsable explique qu'il avait lui-même repéré samedi dans ce secteur la trace de Canelle et de son ourson et avait fait prévenir la société de chasse locale. Le président de la Fédération départementale des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques, Bernard Placé, est lui aussi consterné. "La société de chasse d'Urdos avait été prévenue de la présence de l'ourse dans le secteur. Il n'y aurait jamais dû y avoir de battue. C'est une affaire gravissime, un patrimoine biologique qui disparaît", explique-t-il. Canelle, âgée d'une quinzaine d'années, était l'unique femelle "autochtone" recensée dans le massif des Pyrénées, avec un patrimoine génétique distinct des ours en provenance de Croatie ou de Slovénie introduits dans la région depuis le milieu des années 90. Après la mort de Canelle, il n'existerait plus que deux ours de "souche pyrénéenne", tous deux mâles, alors qu'au total le massif compterait une quinzaine de plantigrades essentiellement issus de programmes de réintroduction, dont trois femelles, selon M. Caussimont. La mort de Canelle pose la question de la survie de l'ourson, probablement issu d'un accouplement avec ours d'origine slovène et qui n'est donc pas purement pyrénéen. "Les services de l'Etat mettent tout en oeuvre pour localiser l'ourson, âgé d'environ dix mois et quasiment en situation de sevrage", a expliqué le ministre de l'Ecologie. L'ourson "connaît le territoire où il est" et peut survivre si on lui ménage "un espace de très grande tranquillité" tout en complétant sa nourriture "sans imprégnation humaine", a expliqué M. Lepeltier. Toutefois à la FIEP-Groupe Ours Pyrénées, on estime les chances de survie de l'ourson comme "très faibles".Les écologistes ont dénoncé unaniment mardi la mort de Canelle, plusieurs associations annonçant leur intention de porter plainte et la sénatrice Dominique Voynet (Verts) demandant un programme de renforcement de l'ours pyrénéen. Les six chasseurs qui participaient à la battue ont été entendus mardi à la brigade de gendarmerie de Bedous (Pyrénées-Atlantiques), sans qu'aucune garde à vue ne soit décidée. Les suites judiciaires à donner à cette affaire seront décidées en fonction des résultats deux expertises --une autopsie sur le corps de l'animal et une expertise balistique--, a indiqué une source proche de l'enquête.