L'Institution Patrimoniale du Haut-Béarn est une institution basée sur la charte de Développement Durable des Vallées Béarnaises et de la Protection de l’Ours.
Cette charte a été signée le 31 janvier 1994 par les élus des vallées d'Ossau, d'Aspe et de Barétous et l'Etat, ses domaines de compétences sont :
- L'agro-pastoralisme
- La forêt
- La chasse et activités cynégétiques
- La protection de l’ours
Par cette Charte, les partenaires se sont engagés pour concilier :
- Le développement socio-économique des vallées
- La gestion de l'ours, de la faune et des milieux naturels
Resultat de l'évaluation partagée de la population d'oursMercredi 8 décembre 2004, suite à la fin du processus d'évaluation partagée de la population d'ours en Béarn, le nombre d'ours présents dans les Pyrénées Occidentales a été annoncé lors d'une réunion du Conseil de gestion de l'Institution Patrimoniale du Haut-Béarn.
Suite à la mort de Canelle, seuls 4 ours mâles sont présents dans les Pyrénées Occidentales :
Néré (mâle adulte) et l'ourson orphelin de Canelle entre les vallées d'Aspe et d'Ossau.
"Aspe-Ouest" (mâle adulte) sur la rive gauche du gave d'Aspe.
Camille (vieux mâle) en Espagne surtout.
A noter que sans FERUS (ex Artus) et l'ADET, il n'y aurait pas eu de réintroduction donc Néré ne serait pas présent, ni son fils Mohican (renommé Cannelito par la suite).
Pour ce comptage, ont été pris en compte les données de l'année 2004 récoltées par le Réseau Ours (indices, dégâts, photos et témoignages), les analyses génétiques d'échantillons récoltés en 2004 et certains échantillons de 2000 à 2003.
L'absence de femelles et la mort de Canelle ont poussé Jean Lassalle, président de l'IPHB, à proposer la réintroduction de 2 ourses pour 2005. Le 26 mars 2005, la décision pour ou contre la réintroduction devrait être prise au niveau local, en partenariat avec l'Etat et l'Europe, après que le Comité de Massif ait été invité à se prononcer le 22 mars. A cette date, si aucune position commune n'est trouvée, Jean Lassalle a émis la possibilité d'organiser un référendum dans les vingt communes de la charte de l'IPHB.
Selon le cabinet du ministre de l'Ecologie, Serge Lepeltier annoncera "mi-janvier" sa décision sur l'opportunité d'introduire de nouveaux ours sur l'ensemble du massif pyrénéen et se rendra dans les Pyrénées le 14 décembre, afin de rencontrer des représentants des chasseurs et des éleveurs.
Si l'ultime décision reviendra donc au ministre de l'Ecologie, "les modalités pratiques seront arrêtées d'un commun accord" selon Jean Lassalle. Claude Gobin, sous-préfet d'Oloron, a quant à lui assuré que "l'Etat ne pourra pas appliquer une mesure sans l'assentiment des acteurs locaux. Nous ne pouvons pas aller contre cette volonté, sinon cela ne marchera pas".
Le président de la Fédération de chasse des Pyrénées-Atlantiques a déclaré que "la réintroduction est inéluctable. Nous entendons être associés à ce processus".
Le Fond d'Intervention Eco-Pastoral, par l'intermédiaire de Gérard Caussimont, est réservé : "la réintroduction est un élément positif. Nous sommes réservés sur la méthode et le calendrier. Vu l'ampleur des organismes concertés, il faudra du temps alors que, selon nous, la réintroduction doit intervenir en mai. Nous craignons une instrumentalisation de notre travail". Le point du vue est identique à la SEPANSO : "Nons espérons qu'il ne s'agit pas d'une énième manoeuvre pour gagner du temps alors que l'urgence de la situation ne laisse plus de place aux tergiversations. Le renforcement doit avoir lieu au printemps. Ces discussions doivent aboutir à délimiter des zones de non-dérangement pour l'ours".
Lors de la réunion, une quarantaine d'éleveurs (dont les représentants de deux syndicats agricoles des Pyrénées-Atlantiques, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs) opposés à la réintroduction manifestaient devant le siège de l'IPHB. Ils ont remis une motion en ce sens au sous-préfet.
Désormais, les différentes familles sont dans l'obligation de réussir ensemble le projet de réintroduction.
Le bilan de l'IPHBDepuis la mort de l'ourse Canelle, beaucoup de personnes (associatifs mais aussi élus) critiquent ouvertement le fonctionnement de l'Institution Patrimoniale du Haut-Béarn, structure censée protéger l'ours des Pyrénées.
Ainsi, François Arcangeli, maire d'Arbas (Haute-Garonne) et président de l'ADET-Pays de l'Ours, parle de "l'imposture stupéfiante de ceux qui, depuis une dizaine d'années, promettent en Béarn, à grand renfort d'argent public, de sauver l'ours des Pyrénées, pour constater aujourd'hui qu'il n'en reste presque plus et qu'ils n'ont rien fait".
Avant la réunion du 8 décembre 2004, deux associations de protection de la nature comme le FIEP ou la SEPANSO Béarn menaçaient de quitter l'Institution si aucune décision de réintroduction n'était prise.
En effet, pour ces associations mais aussi beaucoup d'autres, si l'IHPB a fait beaucoup pour améliorer les conditions de travail des bergers (grâce à diverses subventions nationales et européennes) à juste titre, elle n'a pas fait grand chose pour l'ours. D'ailleurs, un audit financier réalisé sur la période 1994-1999 est assez flagrant à ce sujet.
Ainsi, l'Institution a perçu ces années-là 55 millions de francs au titre de la protection de l'ours, mais 1,295 millions seulement ont été consacré à l'ours, par remboursements de dégâts, subventions du suivi de la population par l'ONC, plantations d'arbres fruitiers... Dans le même temps, 36 millions ont été consacrés au pastoralisme, 9 millions aux forestiers pour les reports de coupes et 5,5 millions de francs aux chasseurs pour des réintroductions d'isards.
D'ailleurs, ce fait n'est pas seulement signalé par les écologistes. Comme l'avoue un berger béarnais, "tout le monde a bien profité de l'ours ici, à commencer par nous, mais si nous avons maintenant de belles cabanes, nous n'avons pas à être fiers de l'autre bilan".
L'IPHB signe la mort de l'ours dans les pyrenees occidentalesLe mercredi 19 octobre 2005 restera une date tristement "historique" pour tous les amoureux de l'ours : celle de la décision de laisser s'éteindre l'ours dans les Pyrénées occidentales.
En effet, ce 19 octobre 2005, le conseil de gestion de l'Institution Patrimoniale du Haut-Béarn (IPHB) a rouvert le dossier du renforcement en Béarn et rejeté le plan de renforcement proposé par la Ministre de l'Ecologie.
Un mois plus tôt, Nelly Olin avait profité de son passage à Arbas, le 25 septembre, pour annoncer la réintroduction de 5 femelles en 2006 dont deux ont même été "réservés" pour le Béarn. Elle avait alors indiqué : "Il faut que l'IPHB joue son rôle et se positionne clairement. On ne peut pas un être un jour pour [NDLR : l'arrivée de deux femelles] et le lendemain contre. Et je lui demande de se prononcer d'ici le 15 décembre".
En présence du préfet des Pyrénées-Atlantiques Marc Cabane, les membres du conseil se sont donc prononcés et ont rejetté en bloc le plan de renforcement.
A travers son long exposé, le président Jean Lassalle a déclaré : "Il faut que la ministre retire totalement son programme. Pour l'instant, c'est non. Il ne faut pas apparaître comme des traîtres vis-à-vis du reste des Pyrénées. Il est important aussi de respecter ceux qui ont rempli les mairies cet hiver en exprimant leur opposition. Si la ministre maintient son plan, je les encouragerais à combattre. Depuis le malheureux coup de fusil contre Canelle, on assiste à une folie totale jusqu'au plus haut niveau de l'Etat. Notre institution fonctionnait. Aujourd'hui, tout le monde est embêté. On a perdu le contrôle de la situation. Il faut trouver une solution chez nous. Dans l'état actuel des choses, comment voulez-vous qu'on se prononce ?".
Le maire du village de Borce (vallée d'Aspe), René Rose, a expliqué au préfet à quel point l'annonce de Serge Lepeltier avait agité les montagnes en souhaitant doubler la population d'ours en trois ans. "Tous les efforts pédagogiques mis en oeuvre ces dernières années sur le terrain ont été anéantis. La confiance n'est plus là".
Bernard Placé, le président de la fédération départementale des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques, abonde dans le même sens : "Les vallées ne sont pas prêtes. Nous ne voulons pas d'ours nous non plus".
Jean-Marc-Prim, de la chambre d'agriculture, est lui aussi opposé au renforcement : "Nous ne sommes pas allés jusqu'au fond du problème. La présence d'ours ne sera pas maîtrisée. Cette logique videra les montagnes".
Ainsi donc, c'en est fini de l'ours en Béarn ... La mort de Canelle n'aura donc servi à rien.
La loi du silence en bearn ?Contrairement à ce qu'on dit ou veut faire croire trop souvent, les béarnais sont très loin d'être en totalité opposés à l'ours. Y compris parmi les bergers et les élus ...
"Parler de l'ours ? J'ai envie de pouvoir louer des estives l'année prochaine", explique un berger de la vallée d'Aspe. En effet, chez les bergers, être favorable à sa présence est devenu tabou. Pourtant, il existe une partie de ces acteurs de la montagne qui considére que la cohabitation avec le plantigrade possible, mais qui préfère ne pas dévoiler leur identité. "On ne sait jamais", expliquent-ils.
"Je travaille dans un milieu naturel, au milieu de nombreuses espèces : sangliers, vautours, ours ... Cela fait partie intégrante de la vie pastorale", souligne un autre. " Je suis déçu, depuis dix ans, rien n'a été fait pour renforcer la population ursine. Il va disparaître. L'ours est un garde-fou pour éviter l'emprise humaine sur la montagne, les Pyrénées ne doivent pas devenir comme les Alpes ", explique un berger qui a travaillé vingt ans en zone à ours et subi plusieurs attaques. Il poursuit : " Dans les Pyrénées, on a longtemps travaillé en bon gardien. La montagne ne doit pas être la porte ouverte de sa bergerie. Les montagnes doivent être occupées par les bergers, comme les pêcheurs doivent aller en mer. Le bon sens, c'est de rester l'été avec ses brebis ".
Entre pro et anti-ours apparaît une conception différente de la vie pastorale : " La prime à l'herbe a pour effet d'agrandir le cheptel sans gardiennage sur toujours plus d'espace. C'est une désertification de nos montagnes. Pas étonnant que les anti s'opposent à l'ours, ils sont dans un schéma productiviste, sans égard pour la biodiversité ". Une interrogation pointe toujours sur l'avenir de l'économie pastorale ? "Il faut choisir le développement que nous voulons pour nos montagnes. On ne peut pas préempter la montagne pour servir ses propres intérêts. Elle ne nous appartient pas, elle est à tout le monde".
Malgré l'omerta qui règne depuis plusieurs mois dans le Béarn, quelques maires du Haut-Béarn osent affirmer leur acceptation de l'ours et du renforcement.
Ainsi, Jean Pierre Cazaux, maire d'Accous et Marcel Minvielle, maire d'Etsaut, se disent favorable à l'ours et à la réintroduction.
" Les chasseurs et les bergers sont des véritables réservoirs de voix. On assiste à un bel exercice de démagogie électorale. Dans cette affaire, l'IPHB a voulu le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière. On peut pas avoir deux discours. Les crédits ont servi à mettre les cabanes aux normes à amener l'eau chaude à developper les vallées. Mais il y avait une contre partie: la protection de l'ours. Maintenant qu'ils ont tout ,ils n'en veulent plus. Il faut être cohérent et courageux ", explique Marcel Minvielle, qui rajoute : "Je sais que je vais perdre 30% des voix,mais je ne change pas de ligne".
Jean-Pierre Cazaux glisse : "Dans deux ans, il y a des échéances électorales. Alors allez contre l'avis des électeurs, c'est quelque part se condamner".
Ce sera l'occasion, pour ceux qui n'osent pas parler, de se regrouper et de commencer à bouger.
Le ministere de l'ecologie met un terme a l'institution patrimoniale du haut-bearnMercredi 7 juin 2006, la ministre de l’Ecologie Nelly Olin envoyait une lettre adressée à Jean Lassale, président de l'Institution Patrimoniale du Haut-Béarn (IPHB). Cet organisme était alors sommé de transmettre au ministère - sous un mois - un inventaire chiffré des mesures prises en faveur de la protection de l’ours. En effet, l’IPHB est financé aux deux tiers dans le cadre du contrat Etat- Région, au titre de la charte de développement durable des vallées béarnaises et de la protection de l’ours. Celui-ci arrive à échéance en fin d’année.
Nelly Olin écrivait alors que "le ministère de l’Ecologie, qui contribue jusqu’à présent au financement de ce programme et donc de cette institution, attend qu’elle ait une participation active à la protection de l’espèce ursine, conformément à ses engagements". Elle expliquait ensuite que cette protection "requiert un investissement fort des organisations qui ont statutairement pour mission la sauvegarde de l’espèce".
La ministre poursuivait enfin en disant que "cet investissement a pu s’apprécier lors de l’élaboration et de l’initialisation du plan de restauration (...) que j’ai rendu public en mars dernier et qui est strictement indispensable à la survie de l’espèce". Elle demande alors "un recensement précis des actions que vous avez mis en oeuvre spécifiquement en faveur de l’ours brun depuis la création de l’IPHB, accompagné, pour chacune d’entre-elles, des résultats concrets obtenus et du montant financier mobilisé à cet effet".
Finalement, le 3 août 2006, dans un courrier adressé aux acteurs et animateurs de l’IPHB, la ministre a décidé d’en finir définitivement avec la concertation béarnaise. Elle les informe "qu’au terme des 2ème contrats pluriannuels (quinquennaux) de programme, à la fin 2006, mon département ministériel ne participera pas au renouvellement de ces contrats fixant leurs moyens de financement."
Depuis 12 ans, l'Institution Patrimoniale du Haut-Béarn avait élaboré, avec tous les acteurs locaux (bergers, chasseurs, forestiers, élus locaux, associations de protection de la nature) une charte de développement durable (sur le pastoralisme, les forêts, l'eau, l'ours) de trois vallées béarnaises (Ossau, Aspe, Barétous) et de protection de l’ours.
"Je m’attendais, à ce que l’IPHB prenne part activement à la protection des espèces pyrénéennes... je constate qu’en 1995 on comptait 5 à 6 ours dans les Pyrénées-Atlantiques. À l’heure actuelle il ne subsiste que 4 individus mâles", poursuit la ministre avant de donner l’estocade finale.
Elle finit en disant : "Je considère également que les engagements du ministère pris en 1994 dans le cadre de la charte de l’IPHB sont devenus caduques... désormais, la protection de l’ours sur l’ensemble du massif sera assuré dans le cadre du plan de conservation et de restauration de l’ours dans les Pyrénées sera assuré par la Diren (Direction régionale de l’environnement)".
Le bilan est cruelSi la charte a permis de mobiliser des financements considérables pour l'amélioration des conditions de vie et de travail des éleveurs en montagne, la protection de l'ours, l'autre pilier indissociable de la charte, n’a que pâtit de cette mascarade.
De reculades en renoncements, l’ours n’a cessé de régresser au point que l’on doive aux lâchers réalisés en Pyrénées Centrales entre 1996 et 2006 qu’il en reste encore deux aujourd’hui en Béarn. Deux pauvres mâles dont le sort indiffère totalement ceux qui clamaient hier la main sur le cœur que l’ours était constitutif de leur identité même de montagnards béarnais ...
Les masques sont tombés il y a longtemps et il ne reste aujourd’hui qu’une coquille à demi vide qui cherche désespérément des raisons et les moyens d’exister.
Au final, l’IPHB n’aura jamais été autre chose qu’un banal syndicat de développement rural, qui n’a jamais cherché, et a fortiori réussi, à se détacher des lobbys locaux les moins progressistes, mais qui a exploité sans vergogne le filon de l’ours comme source de financement et d’une notoriété usurpée.
Sources : Ancien forum de l'ADET, Leis Oursoun, articles et communiqués de presse
Complément : Charte de Développement Durable des Vallées Béarnaises et de la Protection de l’Ours