1 - Pas assez de concertation avant les lâchers de 2006 ?
Plus de 122 réunions de concertation sur l'ours ont été menées par
l'Etat sur toute la chaîne pyrénéenne en 10 ans ! 70 en 1995-1996 et
plus de 50 en 2005 pour les 5 lâchers de 2006.
La porte parole de l'ADDIP, association anti-ours, déclarait encore en
aout 2007 : "S'ils réintroduisent des ours, nous mettrons le feu à la
montagne !".
Pour ces "ultrapastoraux"*, l'ours n'est acceptable qu'enfermé ou mort
et refuser tout soutien à l'ours est leur position butée depuis le
départ. Voilà en réalité le préalable qu'ils imposent à l'Etat et
qu'ils veulent nommer "concertation". Voilà pourquoi ils ont saboté
(vacarme incessant) ou boycotté la plupart des réunions de concertation
de 2005.
2 - D'origine slovène, les ours sont "trop" carnivores ?
Les ours d'origine slovènes sont de la même espèce et mieux, de la
"même lignée génétique" que les ours pyrénéens originels : la lignée
Ouest.
Impossible de lâcher dans les Pyrénées des ours d'Espagne des
Cantabriques pour cause de population encore trop faible et impossible
choix Croate pour cause de rage.
Le choix Slovène a aussi été orienté par la très grande adaptation
aux Pyrénées des 3 ours slovènes lâchés il y a 10 ans : de 3 en 1997,
ils sont désormais une quinzaine sur 20 ours !
Qu'ils soient slovènes ou pyrénéens de souche, dans les Pyrénées, les
ours ont strictement le même régime alimentaire et sont végétariens
pour 60 à 80 % de leur alimentation. Plus de 10 ans de recul le
prouvent : ce n'est pas son origine qui fait de l'ours un gros
consommateur de brebis : c'est bien la différence de mode de
gardiennage des troupeaux. Omnivore dit "opportuniste", l'ours
attaquera toujours davantage les troupeaux dépourvus de mesures de
protection. Quoi de plus logique ?
3 - Les ours slovènes inadaptés aux Pyrénées ?
Parceque "Palouma" s'est tuée après avoir glissé sur une barre
rocheuse ? La Slovénie n'est pas un pays de plaine et les ours y ont
l'habitude de reliefs escarpés (le karst slovène est constellé de
failles et de gouffres). Ce type d'accident arrive en Slovénie mais
aussi ... à toute sorte d'animaux de montagne de quelque pays que ce
soit.
Alors c'est l'accident de "Franska" qui prouverait que ces ours ne
sont pas adaptés ? Franska a été traquée illégalement pendant des mois
par les ultrapastoraux* qui se sont vantés d'avoir pour objectif de la
faire redescendre en plaine vers la route nationale... ou de l'éliminer
: on a retrouvé plus de 40 plombs de chasse dans son corps ! En
Slovénie, ces 5 dernières années, 103 ours ont été tués dans des
accidents de circulation.
Et surtout, quoi de plus fiable que des reproductions réussies
pour juger de la bonne adaptation d'un animal à son milieu ? D'ores et
déjà, "Hvala" lâchée en 2006 a apporté 2 oursons aux Pyrénées !
Les ours d'origine slovène ont même fait mieux dans les Pyrénées que
les ours pyrénéens originels eux-mêmes avec des reproductions en âge
précoce, des portées en moyenne plus importantes et un taux de survie
des oursons supérieur.
4 - Ours et pastoralisme, cohabitation impossible ?
Non seulement la cohabitation existe et est pratiquée par un nombre
grandissant d'éleveurs et de bergers mais en plus, elle a fait ses
preuves et permet de régler bien plus de problèmes que seulement celui
posé par l'ours (autres prédations,vol etc...).
Une étude menée de 2003 à 2005 auprès de 37 éleveurs et sur 18
estives montre que la seule mesure de protection "chien patou" (qui
fait fuir l'ours) a fait baisser les pertes de ... 90 % ! A cette
mesure doivent s'en ajouter deux :
- regroupement nocturne du troupeau en enclos cloturé (électriquement ou pas).
- présence effective du berger (au quotidien et pas de façon simplement hebdomadaire)
Dans tous ces domaines, l'Etat propose des aides non négligeables.
Mieux, l'ours a permis en bien des lieux des Pyrénées une constante
amélioration des conditions de vie des bergers et des éleveurs grâce
aux financements qu'il a généré : le FIEP (Fond d'Intervention
Eco-Pastoral, association de protection de la nature favorable à
l'ours) en Haut-Béarn est à l'origine des primes de dérangement en cas
d'attaques d'ours. En début et fin d'estive, sur toute la chaîne des
Pyrénées, l'élevage en zone à ours bénéficie d'héliportages gratuits.
La présence de l'ours a permis aussi de restaurer des dizaines de
cabanes de bergers et évidemment, d'embaucher des bergers et toute une
équipe de bergers itinérants chargés de mettre ces mesures en place. Le
plan ours 2006-2009 redistribue ainsi 50% de son budget au pastoralisme
! Mais le pastoralisme bénéficie aussi de nombreuses autres aides
publiques.
5 - Les ours en "réserve", un compromis ?
Les deux associations anti-ours ou leurs membres ont déjà plusieurs
fois exprimé leur souhait d'en finir physiquement avec l'ours dans les
Pyrénées. Ils sont prêts à la faire de façon passive (convaincre les
autorités de ne plus rien faire pour l'ours) ou de façon active comme
ce fut le cas avec "Franska".
Par souci de "communication", les ultrapastoraux* laissent maintenant
entendre, qu'ils sont favorables (!) à la présence d'ours... mais dans
une "réserve" de 5 à 8000 hectares ! Or 20 ours ne resteront jamais
perclus dans 8000 hectares. Cela signifie qu'il faudrait soit clôturer
cette "zone", soit y exercer une surveillance des ours incompatible
avec la définition même de ce qu'est un animal sauvage. L'Etat
reconnaît que c'est "impossible à réaliser techniquement et pose un
problème d'éthique en terme de conservation de la nature."
Mais pour les ultrapastoraux*, mettre en place dans les Pyrénées un
monde à l'envers avec "Les animaux sauvages, en enclos ; les animaux
domestiques, en liberté !" semble devenu une priorité. En guise de
compromis, c'est une négation pure et simple de l'ours qui est proposée
à la société entière.
6 - Il n'y avait pas urgence à renforcer , attendons encore !
Sur les 20 ours pyrénéens présents en 2007, seuls 2 (!) mâles ne
doivent rien aux programmes de renforcement de 1996-97 et de 2006.
C'est dire si les renforcements étaient nécessaires. Avant les 5
lâchers de 2006, une étude publiée dans les Comptes-rendus de
l'Académie des Sciences (G. Chapron et al., CR Biologies 326, 2003),
basée sur des modèles démographiques, préconisait les lâchers rapides
d'au minimum 11 ours. Différée de 10 ans, l'opération ne réduirait plus
le risque d'extinction. Or en 2006, seuls 5 ours ont été lâchés et deux
sont morts ce qui fait 3 ours au lieu de 11 ... presque 4 fois moins
que nécessaire !
Laisser la population d'ours française dans l'état actuel, c'est faire
une croix définitive sur cette espèce et adopter une position revenant
à éradiquer l'ours en France.
Sur base scientifique, on peut affirmer que si de nouveaux lâchers ne
sont pas effectués rapidement, tout ce qui a été organisé depuis 1996
pour l'ours n'aura servi à rien.
7 - L'ourse "Franska", trop "carnivore" ?
Dès son lâcher, l'ourse "Franska" a du faire les frais des méthodes
ultrapastorales*: pots de miel contenant du verre pillé dispersé dans
son secteur (11 pots!), traques et battues incessantes, jusqu'à la
repousser (volontairement) sur la route qui lui fut fatale.
Or, comme l'indique Le Dr Claude Guiraud, vétérinaire et président
du groupe d'étude européen d'Eco-pathologie de la faune sauvage de
montagne. (GEEFSM) : " (...)Un ours est à 80% végétarien. Le milieu où
a été lâchée Franska est riche, mais fallait-il qu'elle puisse
l'exploiter. Ramasser des végétaux, tubercules, des fruits... exige du
temps et donc de la tranquillité. Traquée sans arrêt, l'ourse a paré au
plus pressé pour se nourrir efficacement, d'où des prédations animales.
Plus on gêne les ours, plus ils deviennent carnivores, se nourrissant à
la sauvette.(...)>> (La dépêche du Midi du 11 aout 2007)
8 - Seuls les élus locaux devraient gérer l'ours ?
La plupart des élus locaux pyrénéens n'ont pas brillé par leur
atttitude à l'égard de l'ours : au lieu de jouer leur rôle de
médiateurs, de facilitateurs, de pédagogues, ils ont préféré griller
l'ours comme un vulgaire fusible pour paraître comme des défenseurs des
éleveurs... alors que bien souvent, ironie du sort, leurs décisions et
leurs politiques n'ont pas servi le pastoralisme quand elles ne l'ont
pas fragilisé.
Faut-il vraiment compter sur une gestion de l'ours à l'échelon local,
sans un contrôle rigoureux de l'Etat ? Quand on sait qu'en Ariège,
Augustin Bonrepaux, ex député et président du département participe en
personne à des battues anti-ours ? Quand le député Jean Lassalle crée
une Institution (l'IPHB: Institution Patrimoniale du Haut Béarn) soit
disant destinée à l'acceptation de l'ours ... tout en jouant les
leaders anti-ours zélés dans les réunions publiques ? Quand des élus
ceints de l'écharpe tricolore viennent encourager le saccage d'un
village pyrénéen qui s'est déclaré favorable à l'ours (Arbas, le 1er
avril 2006) ?
Mais le "record" en matière de gestion locale de l'ours revient
quand même à l'IPHB qui en 12 ans a perçu plus de 10 millions d'euros
pour l'ours mais dont plus de 90% ont servi aux forestiers, chasseurs,
éleveurs ... mais pas à l'ours dont la population est passée dans le
même laps de temps, faute de lâcher et à force de temporiser pour
courtiser tout ce monde, de 6-8 ... à 2 ours mâles ! Par contre,
l'électorat de Jean Lassalle a bénéficié de la manne.
Pour l'ours, en dehors des communes de l'ADET Pays de l'Ours qui
ont choisi un projet de territoire volontariste autour de l'ours et de
son acceptation, l'échelon décisionnel local, sans réel contrat de
droit avec l'Etat, n'a jamais été le garant de l'efficacité ni de
l'acceptation de l'ours, il a au contraire servi pour amplifier la
construction de son rejet et le clientélisme.
9 - Les pyrénéens sont contre l'ours ?
De loin, il peut sembler que toutes les Pyrénées se sont embrasées contre l'ours en 2006.
Quand on y regarde de plus près et quand on laisse aux pyrénéens la
possibilité de s'exprimer sans pression et sans intimidation, on
s'aperçoit que c'est toujours très majoritairement que les Pyrénéens se
sont prononcés pour l'ours dans toutes les enquêtes rigoureusement
étalonnées disponibles : en 2003 sur 409 personnes pour l'ADET et le
WWF, ARSH en 2004 sur 400 personnes pour Pyrénées Magazine, Ifop en
2005 sur 900 personnes pour l'ADET et la totalité des consultations
organisés par la presse sur internet depuis 2005.
Mieux, lors des 3 forums de concertation officiels où les
personnes étaient choisies selon des "critères de représentativité de
la population de montagne", des pyrénéens ont dit clairement leur
souhait de pouvoir s'exprimer sur l'ours en dehors de la tutelle des
élus, véritable aveu de cette "chappe de plomb" sur leur tête et sur le
dos de l'ours.
Enfin, n'oublions pas les pressions violentes que les anti-ours
font subir à tous ceux qui se prononcent pour l'ours (dégradations de
biens, insultes, censure par la force...)
Dans un contexte où cette minorité terrorise ceux qui osent
penser, parler, agir différemment, comment imaginer que le son de
cloche favorable à l'ours puisse être audible ?
10 - L'ours menace la biodiversité ?
C'est le nouveau discours des ultrapastoraux pour tenter de coller à l'actualité.
L'association FERUS a regretté le 25 octobre dernier cette : "
propension à trier entre les bonnes et les mauvaises causes (...). Si
l'on accepte de perdre "quelques" espèces, on se résigne au fil du
temps à en voir disparaître beaucoup plus."
Protéger l'ours, c'est protéger la grande diversité de ses
habitats dans la montagne pyrénéenne. Les scientifiques disent de
l'ours qu'il est une "espèce parapluie", abritant derrière sa
protection un cortège impressionnant de plantes et d'animaux pyrénéens.
L'étude des "cahiers d'habitat" du réseau Natura 2000 (MNHN)
montre que pour les habitats naturels pyrénéens, les préconisations de
gestion idéales lorsqu'il s'agit de recourir à des troupeaux pour
garder ces habitats en "bon état de conservation", sont très
majoritairement les solutions les plus compatibles avec les mesures de
protection liées à l'ours : troupeaux au parcours contrôlable (grâce
aux chiens et au berger) et où le gardiennage est effectif et constant.
La ministre de l'écologie n'avait-elle pas déjà fort justement indiqué en préface du plan de renforcement 2006-2009 :
"Garantir la survie de l'ours brun d'Europe, c'est précisément
conserver plusieurs noyaux stables partout où il est encore présent.
(...) Quelle que soit l'espèce, reporter sur d'autres pays la
responsabilité de sa conservation c'est travailler, sans le dire, à sa
disparition."
Document réalisé par un groupe de citoyens attachés à des Pyrénées sauvages et vivantes avec l'ours, où l'homme et le sauvage cohabitent en bonne intelligence.